Les agents lisent tous les programmes de t�l�vision multim�dia interactive. Avec des milliers de services disponibles il est impossible � un cerveau humain non assist� de compulser des centaines de pages de programmes quotidiens : �ducation, cin�ma, information, jeux, m�tiers, tourisme, t�l�achat, transactions diverses, finance ou sports...Les agents se nourrissent directement � la source. Branch�s sur les r�seaux c�bl�s et les autoroutes �lectroniques ils extraient les informations pertinentes de programmes diffus�s � leur intention, en fonction du profil d'int�r�t de leur patron. Pour �viter de s'enfermer dans le conventionnel ils ajoutent quelques propositions de leur cru. Face � la pl�thore informationnelle et � l'infopollution, les agents aident � �tablir une di�t�tique intelligente de l'information par le choix judicieux des domaines d'int�r�t.
Le r�le des agents me rappelle une anecdote. Il y a quelques ann�es je prenais grand peine � recevoir sur mon ordinateur un journal personnalis� imprim� automatiquement tous les matins au petit d�jeuner. Il suffisait pour cela d'utiliser, une fois pour toutes, des routines de connexion aux divers services disponibles (AFP, bourse, messageries, m�t�o) et de les cha�ner les unes aux autres afin de constituer les rubriques du journal. Chaque information �tait sauv�e dans un fichier, puis imprim�e en une suite de messages. D�crivant cette technique � un ami "technophobe", rebut� par les ordinateurs et allergique au clavier, celui-ci me d�clara qu'il disposait tous les matins du m�me service que moi, avec en plus une touche de relation humaine indispensable � ses yeux. Press� de questions sur son mat�riel, son modem, ses logiciels, il me r�pondit simplement : "J'ai un chauffeur. Tous les matins, en rentrant dans ma voiture, il me donne avec son humour et son jugement personnel les informations s�lectionn�es dont j'ai besoin!". Voil� une excellente le�on de pragmatisme, mais aussi la d�monstration de l'importance de la personnalisation.
Les agents savent �galement n�gocier entre eux pour �tablir des contrats, fixer des rendez-vous ou se mettre d'accord sur un prix. Au fait des pr�f�rences de leurs patrons et m�me de certaines de leurs caract�ristiques psychologiques ou affectives, ils recherchent dans le cyberespace des partenaires potentiels pour diff�rents types d'activit�s. D'autres agents sp�cialis�s dans la communication g�rent la pr�sentation assist�e par ordinateur. Des photos, des documents, des transparents, des s�quences vid�o, projet�s sur �cran dans une salle ou affich�s simultan�ment sur de multiples �crans dans le cadre d'une t�l�conf�rence, sont appel�s au gr� du conf�rencier; ils sont organis�s dans le temps et dans l'espace par l'agent. Au lieu de la communication s�quentielle traditionnelle (x parle, les autres �coutent ; z parle � son tour, etc.), la communication se fait simultan�ment : chacun affiche le contenu de son message sur des espaces consultables en temps r�el et dans un ordre g�r� par les agents, d'une mani�re analogue au d�roulement d'une s�ance de communication scientifique par "posters".
Extrait de "L'Homme Symbiotique" (Seuil, 1995)
Avec l'autorisation de l'Auteur
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