Les agents intelligents arrivent
Depuis deux ans, parler d'intelligence artificielle est devenu incontournable pour briller durant les meet ups, les ptichs investisseurs ou encore en comex. Pourtant, les personnes qui en parlent et qui comprennent vraiment de quoi il retourne sont encore moins nombreuses que celles qui comprennent le réel fonctionnement de l'algorithme de Google.
En même temps, comment ne pas en parler alors qu'il existe une véritable pression sociale qui nous pousse en ce sens (Tu prépares pas ton chatbot ? T'es obsolète ou quoi ? T'as pas vu que Google est devenue une boîte « AI First » ?). Comment ne pas croire que le grand moment est enfin arrivé alors que tout concourt à nous pousser à croire que l'ère de la domination des « intelligences artificielles » est arrivée : certains messies de la Silicon Valley défendent la thèse selon laquelle l'IA est la pire menace qui pèsent sur l'humanité, des rapports gouvernementaux réalisés par des experts annoncent que 10 %, 20 %, 30 % des emplois seraient menacés dans les 15 ans qui viennent, les GAFAM (Google Amazon Facebook Apple Microsoft) et les plus grands investisseurs misent des milliards de dollars sur l'IA.
Alors l'IA est-elle un ballon de baudruche appelé à se dégonfler tout comme Yahoo, les Google Glass et l'uberisation ? Ou bien une solide tendance de fonds, comme les réseaux sociaux ou les marketplaces ? Et surtout, nous menace-t-elle ?
La réalité est plus subtile : l'IA est actuellement un grand chantier expérimental où se croisent des milliers d'ingénieurs et où les applications authentiquement intelligent sont rares, mais d'où pourrait sortir des applications ponctuelles qui permettrait à la productivité de certains métiers d'augmenter et à certains verticaux (secteurs d'activité) d'évoluer rapidement. Autrement dit, le Hall 9000 de « 2001 l'odyssée de l'espace » ou le « Terminator », n'arriveront pas en 2020, mais vraissemblablement dès 2018, des automates ou agents presqu'intelligents réaliseront certaines tâches simplissimes avec ou à la place des humains. Peut-être qu'en 2025, ils se seront multipliés et peut-être qu'en 2030, ils commenceront à fusionner pour simuler 2 % ou 3 % de l'intelligence humaine. Cela peut paraître peu, mais en même temps, 2030, c'est seulement dans 13 ans et les passionnés de l'intelligence artificielle ce miracle depuis 50 ans.
Pour cela, il semble qu'il faille réunir 4 conditions : suffisament de Steve Jobs dans l'IA, suffisament de capital, des business models rentables et, un tout petit détail : que les humains fassent de la place aux bots, automates et autres intelligences robotiques. L'échec des la plupart des révolutions technologiques annoncées par les visionnaires s'expliquent par un refus des utilisateurs, qui ont la mauvaise habitudes de ne pas se précipiter sur toutes les innovations qu'on leur propose. Ils ont refusé d'acheter l'ancêtre de l'iphone qu'Apple avait inventé au milieu des années 1990, ont fait un blocage sur les Google Glass, mais adorent les petites oreilles en réalité augmentée de Snapchat. En même temps, ils avaient adoré des services « sans valeur », comme les SMS. Les révolutions technologiques ne pourraient donc se faire qu'avec l'accord des utilisateurs. Il se murmure même, en coulisse, que les millennials, ces techno-enthousiastes, seraient résistants à de nombreuses innovations...
Aujourd'hui, en tout cas, l'intelligence artificielle, est, tout juste en train de passer du statut de keyword facilitant la levée de fonds des start-ups ou la vente de prestation de conseil en transformation digitale des cabinets spécialisés, au statut d'application réellement fonctionnelle pour les humains. En dehors des GAFAM qui utilisent certaines technologies d'intelligence artificielle pour prédire les attentes futures de leur utilisateurs afin de leur pousser des publicités ciblées ou contenus toujours plus addictifs pour qu'ils passent toujours plus de temps devant leurs écrans ou dans le monde analogique, les success stories de l'intelligence artificielle se concentrent sur des niches.